Pharaons !

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mardi 6 décembre 2011

L'économie des temples

Temple d'Isis à PhilaeLes quelques deux mille temples égyptiens possédaient de vastes domaines et constituaient un secteur important de l'économie. Les plus riches et puissants étaient ceux des capitales royales, comme Memphis et Thèbes. Les temples recevaient une dotation du roi et disposaient du revenu de leurs terres et de leurs troupeaux, ainsi que de donations privées.

Pendant la basse époque, le roi Apriès (589-570 av. J.-C.) offrit au temple de Ptah, à Memphis, la jouissance perpétuelle et sans impôt de tout un district, avec ses terres, ses habitants et ses bêtes. D'après le grand papyrus Harris, qui énumère les dons faits aux temples par Ramsès III, à peu près un tiers de toute la terre cultivable d'Égypte leur appartenait. En échange de la protection royale, les temples garantissaient l'origine divine de l'autorité du roi pendant sa vie et perpétuaient son culte après sa mort. À l'occasion, ils constituaient même une source de revenu pour les coffres de l'État.

Leur indépendance économique et politique était fonction de celle du gouvernement central. Lorsque le pouvoir royal était mince, comme vers la fin du Nouvel Empire, la puissance des prêtres augmentait en proportion. Parfois même ils étaient en mesure de le défier : ce fut le cas des grands prêtres d'Amon, à Thèbes, dans les dernières années de la XXe dynastie.

lundi 5 décembre 2011

Le Temple de Khnoum à Esna

Temple d'EsnaA Esna, l'ancienne Iounit, aujourd'hui petit centre agricole à 50 kilomètres au sud de Louxor, sur la rive gauche du Nil, un certain poisson nilotique appelé latès (les Grecs ont d'ailleurs baptisé la ville Latopolis) était considéré comme sacré. Mais on y vénérait surtout Khnoum, le dieu potier à tête de bélier, associé à Neith et à Héka, l'incarnation de la magie.

Le temple ptolémaïque qui lui est consacré à Esna date du ler siècle de notre ère. La salle hypostyle, construite par l'empereur Claude, est la seule partie subsistant du monument ancien ; elle est parfaitement conservée, bien qu'elle ait été transformée en église à l'époque copte, puis, plus récemment, en entrepôt de coton. Les vestiges se trouvent au fond d'une excavation d'environ 9 mètres de profondeur, complètement entourée de maisons, car le sol de la ville s'est, au cours des siècles, progressivement exhaussé. Le plafond, tapissé de décorations astronomiques et zodiacales, est posé sur deux groupes de neuf colonnes, placées en correspondance des deux côtés du portail et dont les chapiteaux sont particulièrement élégants et élaborés. Les innombrables textes gravés sur les parois contiennent des prières et des litanies adressées à Khnoum, Héka et Neith, et nous donnent en outre de précieux renseignements sur les grandes fêtes et cérémonies liturgiques qui attiraient les fidèles des régions limitrophes.

Le Temple de Louxor

Louxor est aujourd'hui une petite ville de 60 000 habitants, située sur la rive droite du Nil, à l'emplacement de Thèbes, l'antique cité qu'Homère avait baptisée "Thèbes aux cent portes."

Louxor vient de l'arabe el-Qsor,pluriel de el-Qasr qui signifie "campement, fortification" ce qui rappelle que deux camps militaires avaient été construits là à l'époque romaine. Thèbes, pour les Anciens, se trouvait entre les sites actuels de Louxor et de Karnak. Promue capitale du Nouvel Empire quand le pouvoir égyptien s'étendait de l'Euphrate à la haute Nubie, cette grande ville (elle a compté jusqu'à un million d'habitants) était le siège du culte d'Amon, avec en particulier le grand temple de Karnak. Une fois par an, à l'occasion de la Fête d'Opet (la "Fête du harem") que l'on célébrait le deuxième ou troisième mois de la saison de l'Inondation, la barque sacrée du dieu était portée en grande pompe du temple de Karnak à celui de Louxor, appelé IpetResyt, c'est-à-dire le "Harem méridional d'Amon".

Temple de Louxor et allée de Sphinx

Long de 260 mètres, le temple de Louxor a été construit par Aménophis III sur un ancien monument religieux de l'époque d'Hatchepsout; la souveraine avait également fait bâtir six reposoirs pour la barque d'Amon, le long du premier dromos de la XVIIIe dynastie, la voie sacrée qui reliait le temple de Louxor à Karnak. Du temps d'Hatchepsout, la procession se déroulait en effet sur terre et parcourait l'allée entre les deux lieux cultuels; par contre, à partir de la fin de la XVIIIe dynastie, les simulacres des barques sacrées d'Amon, de Mout et de Khonsou empruntaient le Nil pour se rendre à Louxor. Dans le cadre des fêtes d'Opet, Amon de Karnak allait rendre visite à Amon de Louxor, Amon-em-Ipet, c'est-à-dire "Amon dans son harem ", et il le régénérait.

Le temple de Louxor possédait primitivement un grand portique de 14 colonnes papyriformes de 19 mètres de haut et presque 10 de circonférence, délimité à l'est et à ouest par des murs tapissés de bas-reliefs illustrant ces festivités. La colonnade a été achevée et décorée sous Toutânkhamon (1334-1325 av. J.-C.); elle donne accès à une cour magnifique, entourée d'un péristyle à deux rangs de piliers, avec au sud la salle hypostyle. De là, on pénétrait dans le temple, composé de quatre antichambres, de plusieurs pièces annexes et du sanctuaire de la barque divine, où le reposoir a été reconstruit par Alexandre le Grand. Le monument a ensuite été agrandi par Ramsès Il, qui lui donna son aspect définitif en faisant construire le premier pylône, dont les reliefs illustrent la célèbre bataille de Qadech, en Syrie (1274 av. J.-C.), la première cour et, au coeur de l'ensemble, un triple sanctuaire pour les barques d'Amon, de Mout et de Khonsou, les membres de la triade thébaine. Avec ses 74 colonnes papyriformes, disposées en deux rangées, et ses 16 statues pharaoniques, la cour de Ramsès II est délimitée au nord par une chapelle à trois chambres consacrées à la triade thébaine (Amon, Mout et Khonsou), et à l'est, par une église byzantine du VIe siècle sur laquelle les sultans ayyoubides (XIIIe siècle) ont édifié la mosquée d'Abou el-Haggag, encore ouverte aux fidèles. Le pharaon fit aussi dresser les deux obélisques qui étaient devant le pylône (un mot qui vient du grec pulôn, "grande porte") et que le pacha d'Égypte Méhémet-Ali offrit à la France en 1819). Celui qui se trouvait à l'ouest mesurait plus de 22 mètres de haut pour 220 tonnes et a été transporté à Paris en 1836 et installé sur la place de la Concorde, où il se trouve toujours, tandis que le second est resté sur place, la France n'y ayant définitivement renoncé qu'en 1980.

La fonction de ce monument était complexe: tous les ans, au moment de la Fête d'Opet, le jubilé royal, on célébrait dans les pièces les plus secrètes la naissance divine du pharaon, fils d'Amon, afin de réaffirmer son pouvoir. Dans la pénombre de la chambre de la naissance, le dieu suprême, qui pour l'occasion prenait les traits de l'époux terrestre de la reine, rencontrait cette dernière, à qui Thot, la divinité à tête d'ibis, annonçait sa maternité. Amon ordonnait alors à Khnoum, le "potier divin", de modeler sur son tour l'enfant à naître et son ka, c'est-à-dire son "double" qui allait représenter son essence céleste et immortelle. Assistée par Hathor, Isis et Nephthys, la reine mettait alors au monde un fils divin, reconnu par son père, le roi des dieux. Le fils, Pharaon, offrait de l'encens et des fleurs fraîches à son géniteur céleste qui, en échange, lui conférait sa nature divine, la jeunesse et des promesses de longue vie : il était ensuite proclamé souverain légitime du Double Pays.

Temple de Louxor

Ainsi régénéré et confirmé dans sa fonction royale, il pouvait, pendant toute une année, assurer la prospérité de son peuple. Le temple de Louxor était aussi le lieu du culte du ka royal, le principe supraterrestre et immortel du monarque, symbole de la légitimité de son pouvoir. Il conserva cette fonction universelle, et non pas liée individuellement aux différents pharaons, pendant plus de dix-sept siècles ; voilà pourquoi Alexandre, qui, pour occuper légitimement le trône d'Égypte, avait besoin de la reconnaissance du dieu, fit reconstruire le reposoir de la barque sacrée. D'après la cosmogonie thébaine, une adaptation locale de la théorie héliopolitaine, le temple de Louxor était également le lieu d'origine de l'Ogdoade, c'est-à-dire des huit divinités primitives qui, engendrées par le démiurge "Créateur de la Terre", le serpent Irta, appelé également Kématef, ont créé le monde.

D'après la tradition, une fois leur mission achevée, Kématef et les huit divinités de l'Ogdoade ont été ensevelis dans leur tombe mythique de Médinet-Habou où, au Nouvel Empire, Amon de Louxor leur rendait visite tous les dix jours, pour la "Fête de la Décade". À l'époque de Ramsès II, la procession ne passait pas par la grande entrée de la première cour de Karnak, mais par la porte occidentale, qui donne sur le Nil, alors que celle qui se trouve à l'est était réservée au peuple. L'accès principal au temple était utilisé pour d'autres fêtes annuelles, celles d'Amon-Min-Kamoutef, célébrées pour Amon-Min, dieu de la fertilité.

Sous Nectanébo 1er (380-362 av. J.-C.), des centaines de sphinx androcéphales, dont on peut voir encore quelques exemplaires sur place, ont été alignées en bordure du dromos reliant Louxor à Karnak. À l'époque romaine, notamment sous Dioclétien (vers 300 apr. J.C.), la partie méridionale du temple fut destinée au culte impérial et tout l'édifice se trouva englobé dans le castrum de la garnison romaine de Louxor. En 1885, le Français Gaston Maspero, alors conservateur du Service des antiquités d'Égypte, entreprit les fouilles et le déblaiement du site dont les deux tiers étaient recouverts de sable et où les habitants du village de Louxor avaient élu domicile ; il donna ainsi son aspect actuel à ce grand monument qui, grâce à la pureté de son architecture et à l'élégance de ses colonnes, reste un des témoignages artistiques les plus fascinants du Nouvel Empire. C'est ici que, en 1990, des spécialistes firent une des plus grandes découvertes de ces dernières années : au cours de tests sur la stabilité des colonnes de la cour d'Aménophis III, ils repérèrent une "cachette" qui renfermait de magnifiques statues ; la plus belle d'entre elles, en quartzite rose, représente le pharaon lui-même et constitue aujourd'hui l'oeuvre la plus célèbre du musée de Louxor.

Le Temple de Karnak

A quelques kilomètres au nord de Louxor se trouve le site de Karnak, le plus grandiose et le plus complexe des ensembles religieux de l'Égypte ancienne. Il est composé de trois zones, ou enceintes sacrées, où furent élevés les temples dédiés à Montou, à l'origine une divinité guerrière, à Amon, le roi des dieux, et à la déesse Mout qui, avec ce dernier, son époux, et leur fils Khonsou, formait la triade thébaine. La partie principale est le grand temple d'Amon, probablement commencé dès le Moyen Empire et qui atteignit des dimensions impressionnantes à la XVIIIe dynastie. Presque tous les pharaons ont voulu l'agrandir et l'embellir en détruisant certaines parties ou en réemployant diverses structures précédentes ; le résultat est donc une architecture extrêmement complexe avec un édifice qui se compose de quatre cours, dix pylônes, un lac sacré et beaucoup d'autres monuments. Le dernier souverain qui y fit faire des travaux importants et auquel on doit l'aspect actuel du monument est Nectanébo Ier, de la XXXe dynastie : c'est lui qui fit bâtir l'énorme premier pylône et placer les sphinx criocéphales (le bélier était un animal sacré d'Amon) le long du dromos qui mène, encore aujourd'hui, au temple. Celui-ci est orienté est-ouest et nord-sud; la ligne est-ouest, avec les quatre premiers pylônes, suivait la trajectoire du soleil : c'était l'axe solaire et céleste. La ligne nord-sud, avec les 8e, 9e et 10e pylônes, était parallèle au Nil, c'était l'axe réel ou terrestre. En franchissant le pylône de Nectanébo, on accède à la première cour où Séthi II et Ramsès III firent construire deux chapelles reposoirs pour les barques sacrées ; à l'époque, elles étaient à l'extérieur du temple.

Temple de Karnak

Le côté oriental de la première cour est délimité par le deuxième pylône, dont la porte est flanquée de plusieurs grandes statues de Ramsès II : la plus imposante, au nord, a d'ailleurs été usurpée par le roi Pinedjem Ier (XXIe dynastie, 1054-1032 av. J.-C.). Ensuite, on pénètre dans la partie la plus impressionnante du temple, la grande salle hypostyle, avec ses 134 énormes colonnes de plus de 20 mètres de haut symbolisant l'océan primordial. Sa construction a demandé environ un siècle; elle a été entreprise par Séthi Ier, continuée par Ramsès II et achevée par ses successeurs. Le troisième pylône, bâti par Aménophis III, conduit à un point bien particulier. C'est là que se croisent les axes sacrés du monde, le céleste et le terrestre, et cette rencontre est marquée par la présence de 4 obélisques élevés par Thoutmosis ler et Thoutmosis II. Il ne reste plus que celui de Thoutmosis Ier. Entre les 4e et 5e pylônes (datant de Thoutmosis ler), trouve un vestibule transversal, appel primitivement ouadjit ("la verdoyante") et décoré de grandes colonnes: c'est là que la reine Hatchepsout érigea ses deux obélisques, dont un seul est en place.

Une fois franchi le 6e pylône, on atteint la chapelle construite par Philippe Arrhidée (323-317 av. J.-C.), demi-frère d'Alexandre le Grand, et on entre dans la grande cour du Moyen Empire, longée à l'est par l'Akhmenou, un édifice construit par Thoutmosis III et dans lequel ont été aménagés la grandiose "salle des Fêtes" et ce que l'on appelle le "Jardin botanique". Ce dernier est un ensemble de salles secrètes, essentiellement décorées de bas-reliefs reproduisant des plantes et des animaux imaginaires ou exotiques (provenant surtout de Syrie et de Palestine, où le pharaon avait mené plusieurs campagnes militaires). On s'est longtemps interrogé sur la fonction de cette partie du temple, qui n'a d'ailleurs pas d'équivalent en Égypte; l'hypothèse la plus accréditée serait que les anciens Égyptiens aient voulu illustrer ici l'infinie variété de formes et d'espèces qu'offre la nature, mais en insistant sur l'existence d'un ordre, caractéristique essentielle de l'Univers. À l'est, à l'extérieur de l'enceinte sacrée d'Amon, on peut encore voir les ruines du temple amarnien construit par Aménophis IV Akhénaton avant de quitter Thèbes pour sa nouvelle capitale, Akhet-Aton, l'actuelle Tell el-Amarna.

Si l'on suit l'axe nord-sud, qui croise l'axe est-ouest entre les 3e et le 4e pylônes, on entre dans la "cour de la cachette" : c'est là que l'archéologue français Legrain découvrit, en 1901, une fosse où des prêtres d'Amon avaient dissimulé, probablement à l'époque ptolémaïque, quelque 17 000 statuettes en bronze et 900 autres, plus grandes, en pierre. La "cour de la cachette" est bordée au sud par le 7e pylône, à côté duquel se trouve le lac sacré, symbole de l'océan primordial qui est à l'origine du monde : ses eaux, où nageaient les oies sacrées d'Amon, étaient en communication avec celles du Nil et servaient aux ablutions du clergé et à la navigation des barques divines. Toujours sur l'axe nord-sud, on trouve les 8e et 9e pylônes : on doit ce dernier à Horemheb qui pour le construire réemploya comme matériau de remplissage les magnifiques blocs décorés des temples consacrés à Aton ; depuis 1965, une équipe franco-égyptienne effectue les travaux de consolidation nécessaires pour remonter ce pylône. À l'ouest du 9e pylône se trouve le temple de Khonsou qui, avec ses parents Amon et Mout, formait la triade vénérée à Thèbes. Le 10e pylône est situé sur la muraille elle-même et de là part une allée de sphinx criocéphales qui mène au temple de Mout ; c'est aussi le point de départ d'un autre dromos, longé de sphinx androcéphales, qui relie Karnak et Louxor. Il est bien difficile d'imaginer aujourd'hui la magnificence et la richesse de ce monument, du temps de sa splendeur; le patrimoine du clergé, de plus en plus opulent grâce aux généreuses offrandes faites au dieu dont il était le serviteur, était tout à fait à la hauteur de celui des souverains et parfois même le dépassait ; d'après le Papyrus Harris, sous le règne de Ramsès III le temple employait plus de 20 000 personnes.

Le Temple d'Hathor à Denderah

Temple d'Hathor à DenderahDenderah était la capitale du VIème nome de Haute-Egypte, et sa nécropole abrite des tombeaux creusés entre l'époque prédynastique et la fin de l'ancien empire. Ce site doit sa notoriété au célèbre temple d'Hathor, qui remonte à la période gréco-romaine. Ce site est extraordinairement bien conservé, avec ses cryptes très profondes, creusées dans l'épaisseur des murailles et décorées de bas-reliefs savants.

Le complexe monumental de Denderah comprend la grande porte de Domitien et de Trajan, le mammisi romain, suivi d'un autre de la XXXe dynastie, et un sanatorium où les malades étaient soignés selon les indications de la déesse. Sur le toit ont été élevées six chapelles dédiées à Osiris, car on pensait que Denderah était une sépulture du dieu : le plafond d'un de ces édifices représente le célèbre Zodiaque, mais, sur place, on ne peut en admirer qu'une copie, les français de l'Expedition d'Egypte ayant prélevé l'original pour le rapporter au Louvre.

Devant le grand bâtiment, à droite de l'entrée, se dressent deux mammisi, de petits temples qui commémorent la naissance d'Ihy, le fils d'Isis : le plus ancien remonte au règne de Nectanébo Ier (XXXe dynastie) et a été achevé sous les Ptolémées, tandis que l'autre est d'époque romaine.

Au sud du temple d'Hathor et à côté de ce qu'il reste du lac sacré, on remarque un autre temple romain,de l'époque d'Auguste, le Temple de la Naissance d'Isis. Le lac sacré du temple de Denderah, au sud-ouest de l'édifice principal, servait aux ablutions du clergé et à la célébration des mystéres rattachés à la mort et à la résurrection d'Osiris.

Le Temple d'Abou Simbel

Abou SimbelAbou Simbel est situé sur la rive gauche du Nil, à environ 850 km du Caire, près de la seconde cataracte et de la frontière avec la Nubie soudanaise. C'est ici que le célèbre explorateur et orientaliste suisse J. L. Burckardt, le découvreur de Pétra, la capitale des Nabatéens, repéra en 1813 un grand temple partiellement enfoui sous le sable : ce monument avait été construit par Ramsès II, le plus grand pharaon de la XIXe dynastie (1295-1188 av. J.-C.).

Un second lieu de culte, dédié à Hathor et à la reine Néfertari, épouse de ce même roi, avait été bâti non loin de là. En octobre 1815, le voyageur et antiquaire anglais William John Bankes visita Abou Simbel et pénétra dans le petit temple ; quant au grand, il avait presque complètement disparu sous les sables et on ne voyait plus que le buste d'une des quatre statues colossales du pharaon en majesté qui décoraient sa façade. En mars 1816, le consul piémontais Drovetti visita le site mais ne parvint à embaucher suffisament de main-d'oeuvre pour désensabler le monument, comme Bankes aurait aimé le faire.

Seul Giovanni Battista Belzoni, assisté des officiers de la marine anglaise Irby et Mangley, réussit, en un mois de travail, à déblayer la masse énorme de sable qui bouchait l'entrée du temple ; il y pénétra le 1er Août 1817. L'explorateur fut probablement déçu, car il ne trouva pas les trésors sur lesquels il comptait, mais il s'exalta à la vue de la beauté des bas-reliefs polychromes qui décrivent les campagnes militaires de Ramsès II en Syrie, en Lybie et en Nubie, et ne put qu'être impressionné par les piliers massifs de la salle hypostyle, couverts de représentations du pharaon. Pour rappeller l'événement, Belzoni et ses amis gravèrent leurs noms et la date d'ouverture sur le mur septentrional du sanctuaire. Avec ses 30 mètres de haut environ, et 35 mètres de large, la façade est directement taillée dans la masse du rocher, et quatre colosses de 21 mètres de haut y sont adossés : à côté de ces statues gigantesques, d'autres plus petites, en pied, représentent la reine Néfertari et plusieurs princes et princesses royaux.

A l'intérieur, après avoir franchi le vestibule, on pénètre dans la grande salle hypostyle dont le plafond repose sur 8 piliers osiriaques ; de là, on passe à une seconde salle hypostyle, plus petite, puis à un second vestibule qui conduit au sanctuaire ; là, dans une niche, on découvre 4 statues des dieux Ptah de Memphis, Amon-Râ de Thèbes, Râ-Horakhty d'Héliopolis et du pharaon lui même, déifié. Deux fois par an, les rayons du soleil traversent l'enfilade des salles et éclairent les statues du saint des saints. Entre 1964 et 1968, il a fallu, ici aussi, démonter les deux temples, les transporter à 200 mètres du site primitifs et les remonter de façon à les rehausser de 65 mètres.

Le Temple d'Isis à Philae

Temple d'Isis à PhilaeL'île de Philae qui se trouve sur la première cataracte du Nil, est dominée par la masse imposante du temple ptolémaïque d'Isis, entouré d'autres monuments cultuels comme le temple d'Arensnouphis, ceux d'Hathor et d'Harendotès, et le kiosque de Trajan, que l'on voit à l'est.

A gauche du temple d'Isis, on remarque un long dromos avec un portique de 32 colonnes. Tous ces édifices étaient destinés à être complètement immergés après la construction du haut barrage d'Assouan : ils ont été entièrement démontés et transportés non loin de là, sur l'île d'Agilkia, qui est un peu plus élevée. Ce travail a été effectué de 1972 à 1980 dans le cadre de la campagne internationale pour le sauvetage des temples nubiens promue par l'Unesco.

Le second pylône du temple d'Isis, dont l'axe n'est pas perpendiculire au premier, délimite l'accès à la salle hypostyle qui marque le début de la partie la plus sacrée du monument ; il est décoré de deux scènes rituelles où l'on voit le roi Ptolémée XII Néos Dyonysos en train de massacrer ses ennemis.

Le kiosque de Trajan, du côté est un petit édifice aux proportions élégantes qui se compose d'un portique de 14 colonnes à chapiteaux campaniformes autrefois recouvert d'un toit en bois. Ce pavillion servait probablement aux cérémonies religieuses, quand la barque de la déesse Isis arrivait ou, au contraire, quittait l'île.

Le Temple de Sobek et Haroéris à Kom Ombo

Fondé à la XVIIIe dynastie, sous Thoutmosis III, le temple actuel de Kôm Ombo a été commencé sous le règne de Ptolémée VIII Evergète II ; il a été achevé à l'époque romaine, sous les empereurs Tibère, Domitien et Caracalla, qui firent élever deux chapelles externes consacrées respectivement à Hathor et à Sobek.

Ce qui distingue Kôm Ombo de tous les autres temples égyptiens, c'est qu'en réalité il contient deux sanctuaires, séparés sur toute leur longueur et dédiés à deux divinités différentes : Sobek, le dieu à tête de crocodile, et Haroéris, "Horus l'ancien" le faucon.

Les deux moitiés parrallèles du monument ont chacune leur entrée, mais elles communiquent transversalement.

Dans la théologie locale, Haroéris appartenait à une triade qui réunissait Tasenetnefret, son épouse, et leur fils Panebtaouy ; il en était de même avec Horus et Khonsou.

A l'extérieur de l'enceinte en briques crues, on a retrouvé les restes d'un puits de l'époque ptolémaïque, un mammisi et une petite chapelle d'Hathor qui contenait des centaines de momies de crocodiles consacrées à Sobek et provenant d'une nécropole qui leur était réservée.

Temple de Sobek et Haroéris à Kom Ombo

Le Temple d'Horus à Edfou

Temple d'Horus à EdfouSituée sur la rive gauche du Nil, non loin de l'eau, Edfou (d'abord Djebaou, puis Atho en copte) était, du temps des pharaons, la capitale du second nome de Haute Egypte. Les Grecs, qui avaient identifié Horus avec Apollon, l'appelaient Apollonis Magna. Son importance est attestée dès les premières dynasties, comme siège du culte du dieu faucon Horus.

C'est pour vénérer ce dernier qu'en 237 avant J.-C. Ptolémée III Evergète fit élever un temple sur les ruines d'un autre monument plus ancien. Les travaux se poursuivirent sous Ptolémée IV Philopâtor, la salle hypostyle fut achevèe pendant le régne de Ptolémée VIII Evergète II, en 124 avant J.-C., et les décorations terminées sous Ptolémée XII Néos Dionysos, en 57 avant J.-C., c'est-à-dire 180 ans après l'ouverture du chantier.

Le temple, dédié à Horus, sa femme Hathor et leur fils Horsomtous, englobé dans une vaste enceinte sacrée, actuellement enfouie sous les maisons, n'est pas orienté est/ouest, comme la plupart des autres sanctuaires, mais vers le sud, ce qui s'explique peut-être par la forme du terrain ; on y accède par un grand pylône, suivi d'une cour à colonnade qui conduit vers une salle hypostyle. A partir de celle-ci, on pénètre dans la salle des offrandes, prolongée par un vestibule qui débouche enfin sur le saint des saints, la partie la plus profonde du temple où trône un magnifique naos en granit, datant du règne de Nectanébo II et qui, à l'origine, contenait une statue à l'effigie du dieu.

De part et d'autre de cet axe central s'ouvre une multitude de chambres dont chacune avait une fonction bien précise, décrite par les innombrables textes qui tapissent les murs et qui font d'Edfou une véritable bibliothèque gravée sur pierre.

Le second édifice d'Edfou, est un de ces petits temples nommés Mammisi (lieu d'accouchement), que l'on construisait toujours à côté de tous les grands temples où une divinité était adorée. C'était l'image de la demeure céleste où la déesse avait enfanté le troisième personnage de la triade, qui est toujours figuré sous la forme d'un jeune enfant. Le Mammisi d'Edfou représente ainsi la naissance et l'éducation de Horsomtous, fils d'Horus et d'Hathor.

Ce temple est encore aujourd'hui un des plus grands et des mieux conservés de toute l'Egypte, et le site a fait l'objet de fouilles au XIXième siècle, menées par Auguste Mariette, alors directeur du Service des Antiquités.

Edfou selon J.-F. Champollion : Le 24 février au matin, nous courions le portique et les colonnades d'Edfou .... Ce monument imposant par sa masse porte cependant l'empreinte de la décadence de l'art Egyptien sous les Ptolémées, au règne desquels il appartient tout entier. Ce n'est plus la simplicité antique ; on y remarque une recherche et une profusion d'ornements bien maladroite, et qui marque la transition entre la noble gravité des monuments pharaoniques et le papillotage fatigant et de si mauvais goût du temple d'Esna, construit du temps des empereurs.