Pharaons !

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

lundi 5 décembre 2011

La tombe d'Amon-her-khepechef

Tombe d'Amon-her-khepechef

La tombe d'Amon-her-khepechef, fils de Ramsès III, fut retrouvée durant la seconde campagne de fouilles de la Mission archéologique italienne conduite entre 1903 et 1904. Bien que cette sépulture eût fait également l'objet de pillages dès (Antiquité, probablement à la fin de la XXe dynastie, elle était, à la différence de celle de Khâemouaset, débarrassée de sarcophages et de cendres et la décoration des parois était en parfait état de conservation.

Grâce au style élégant et raffiné de ses bas-reliefs, cette tombe, à l'égale de celle de Khâemouaset, est considérée comme un des chefs-d'oeuvre de l'art de la XXe dynastie. Le prince Amon-her-khepechef- qui parmi ses nombreux titres comptait celui de "prince héréditaire" - devait avoir une quinzaine d'années lorsqu'il mourut. Il était vraisemblablement le fils de la reine Isis.

Un escalier court et raide mène à la première salle, ou antichambre, où le roi suivi d'Amon-her-khepechef - qui porte un large éventail de plumes - rend hommage aux dieux afin qu'ils accueillent son fils avec bienveillance, et intercède en sa faveur en accomplissant des rites de purification. À gauche, Ptah, Ptah Tatenen, Amset et Douamoutef ; à droite figurent Shou, Qébehsénouf et Hâpy ; sur le mur du fond, à côté de la porte, le roi et le prince saluent les déesses Isis (à gauche) et Hathor (à droite). Du côté nord de l'antichambre s'ouvre la première annexe latérale, non décorée. Sur les montants de la porte séparant l'antichambre de la deuxième salle, Isis et Nephthys accomplissent un rite purificatoire (rite nyny), pendant que le roi et son fils sont introduits par Horus-Iounmoutef dans la salle du sarcophage. Cette dernière, de forme allongée, qui à l'origine contenait le sarcophage en granit rose, est ornée de bas-reliefs inspirés des chapitres 145 et 146 du Livre des Morts.

Ici, Ramsès III et son fils se présentent devant les génies des Ve, VIe, VIIe et VIIIe portes du royaume d'Osiris : à droite, Heneb-Rekou (Ve porte) à tête de chien noir et Sématy (VIe porte) à tête de bélier ; à gauche, Loukenty (VIIe porte) à tête de boeuf et Qoutqetef (VIIIe porte). Du côté nord de la salle du sarcophage s'ouvre une deuxième annexe latérale, sans décorations comme la première. La salle du sarcophage se prolonge dans une petite chambre ou annexe du fond, encore une fois non décorée et qui, à (heure actuelle, abrite le sarcophage. Dans cette même annexe, une petite urne contient un foetus, à l'origine enveloppé de bandelettes, que Schiaparelli retrouva à l'intérieur d'un petit coffret de bois, dans la vallée dite du Prince Ahmes, un ouâdi latéral qui s'ouvre dans la partie la plus basse du côté sud de la Vallée des Reines.

La Tombe de Néfertari

Tombe de Néfertari

La tombe de la reine Néfertari, découverte par Ernesto Schiaparelli en 1904, est considérée par nombre de spécialistes comme la plus belle de toute l'Égypte. Elle fut fermée au public dans les années 1950 en raison du mauvais état de ses peintures magnifiques.

Ce n'est qu'en 1986, à l'initiative de l'Egyptian Antiquities Organization et du Getty Conservation Institute, qu'une première intervention d'urgence fut effectuée afin de stabiliser ses peintures. En février 1988, la restauration proprement dite commença, précédée d'études approfondies et multidisciplinaires menées par une équipe internationale d'experts. On procéda d'abord à la consolidation des enduits, puis au recollage des fragments de peinture détachés des parois et, pour finir, au nettoyage des peintures et à l'élimination des anciennes retouches mal effectuées, que l'on remplaça par un mortier similaire à celui utilisé à l'époque des pharaons. En avril 1992, la restauration de la tombe était terminée, mais la réouverture n'eut lieu qu'en novembre 1995, l'admission des visiteurs étant soumise à des règles très sévères afin de préserver autant que possible un équilibre microclimatique fragile.

La Tombe de Ramsès VI

La tombe de Ramsès VI, connue et souvent visitée dans l'Antiquité, comme en témoignent les nombreux graffitis anciens gravés sur ses murs, ne fut fouillée et débarrassée des gravats obstruant une bonne partie des salles qu'en 1888, par Georges Daressy, pour le compte du service des Antiquités. Cette sépulture avait été en fait préparée et précédemment occupée par Ramsès V, qui ne régna que pendant quatre ans ; elle fut ensuite agrandie par Ramsès VI. On ne sait pas exactement pour quoi Ramsès VI préféra utiliser la tombe de son prédécesseur et frère plutôt que s'en faire creuser une spécialement pour lui, comme le voulait l'usage, mais on peut raisonnablement supposer que cette décision avait été dictée par des raisons d'ordre économique, ainsi, bien sûr, qu'une identité de vues théologico-religieuses.

Tombe de Ramsès VI

La tombe présente un plan typique de la XXe dynastie, avec une simplification architecturale considérable par rapport à la sépulture de Ramsès III, alors que la décoration est par ailleurs extrêmement complexe.

La tombe de Ramsès VI constitue une sorte de traité de théologie où les éléments fondamentaux sont le soleil et son voyage quotidien dans le monde des ténèbres, dont il sort éternellement victorieux, et la lumière qui en est la principale émanation. La signification des peintures pariétales, qui ont conservé de magnifiques couleurs où dominent les rouges et les jaunes, peut sembler parfois obscure et énigmatique, alors, que, en fait, elle est intimement liée aux origines du ciel, de la terre, de la création du soleil, de la lumière et de la vie.

Dans les premier, deuxième et troisième couloirs, les parois sont couvertes d'inscriptions tirées du Livre des Portes et du Livre des Cavernes, recueils de textes traitant de la géographie sacrée de l'au-delà et des cavernes que le soleil doit franchir dans son voyage nocturne. Le troisième couloir se termine par un puits rituel et une salle à quatre piliers d'où part un couloir donnant sur un deuxième vestibule: les parois de l'ensemble de ce secteur de la tombe reprennent et complètent les textes des Livres des Portes et des Cavernes, commencés dans les couloirs précédents. Dans les quatrième et cinquième couloirs, il y a des passages du Livre de l'Amdouat et, dans le second vestibule, des extraits du Livre des Morts. Le second vestibule précède la chambre funéraire, où se trouve le sarcophage brisé. Les représentations sur ses parois sont tirées du Livre de la Terre, alors que le Livre du Jour et le Livre de la Nuit sont illustrés sur le plafond astronomique par une double image de Nout sous forme de déesse du ciel diurne et nocturne. C'est ici que se produisait le mystère de la création du disque solaire et de sa renaissance quotidienne, parallèlement à la régénération du pharaon lui-même assimilé au soleil.

La Tombe de Ramsès III

La tombe de Ramsès III, connue depuis l'Antiquité, fut explorée pour la première fois à l'époque moderne par le voyageur écossais James Bruce en 1768, au cours d'une de ces explorations fabuleuses qui le conduisirent jusqu'en Abyssinie. Bruce baptisa ce monument "tombe des harpistes" en raison d'un extraordinaire bas-relief représentant deux harpistes aveugles.

Tombe de Ramsès III

Cette sépulture, décorée de peintures ayant conservé une étonnante fraîcheur de coloris, possède des dimensions imposantes - sa longueur est de 125 mètres ! Elle suit le plan typique des hypogées royaux de la XXe dynastie, avec quelques particularités quant aux décorations et à la disposition interne. Dans le deuxième couloir, dont les murs sont gravés d'extraits des Litanies de Rê, s'ouvrent huit petites chambres, disposées en deux groupes de quatre de chaque côté et décorées d'une série de scènes très rares et très intéressantes telles que la procession des divinités protectrices de l'Égypte, la préparation des aliments, le mobilier funéraire et les armes du roi, les offrandes alimentaires au dieu Hâpy, personnification du Nil en tant que source d'abondance, et les célèbres harpistes à (origine du nom de la tombe, chantant les louanges du souverain devant Atoum, Shou et Onouris. La représentation d'objets et de scènes sur les parois garantissait magiquement leur pérennité, mettant ainsi le défunt à l'abri des conséquences de spoliations de plus en plus probables.

Au bout de ce couloir, une petite chambre indique un brusque décrochement par rapport à l'axe de la tombe pendant son creusement, effectué selon des plans préétablis, les ouvriers tombèrent par hasard sur le tombeau tout proche - KV n° 10 d'Amenmès (un usurpateur qui régna brièvement sous Séthi II) et durent donc modifier la direction générale de la structure : un cas rare mais non unique puisqu'il s'est produit également dans la Vallée des Reines lors de la construction de la tombe de Néfertari, où un changement d'axe est imputable à la présence de la tombe de Touya.

Le troisième couloir, désaxé mais parallèle au premier, est décoré non seulement de textes du Livre de l'Amdouat, mais aussi d'extraits du Livre des Portes. Il conduit à un puits funéraire et, plus loin, à une salle à quatre piliers dans laquelle, outre les chapitres 4 et 5 du Livre des Portes, se trouve la représentation des races humaines alors connues ainsi que des scènes d'offrandes à Rê-Horakhty, Khêpri et Atoum - les trois formes de la divinité solaire. Dans l'annexe latérale de cette salle, qui s'ouvre du côté droit, figure une scène où Ramsès III se trouve devant Osiris et lui tend une plume symbolisant l'ordre et la justice de Maât. C'est à cet endroit que se termine la partie de la tombe que l'on peut visiter.

En réalité, un quatrième couloir donne sur un vestibule et, plus loin, sur la chambre funéraire à huit piliers qui contenait le sarcophage en quartzite rouge : ce dernier fut vendu au roi de France ; il est aujourd'hui conservé au musée du Louvre, tandis que son couvercle, récupéré par Belzoni, fut transporté en Angleterre et acheté par le Fitzwilliam Museum de Cambridge. La momie du roi fut retrouvée dans la cachette de Deir el-Bahari et se trouve toujours au musée du Caire.

Ramsès III, le constructeur du temple de Médinet Habou, fut le dernier grand pharaon d'Égypte : durant ses trente-deux années de règne, il défendit les frontières contre les attaques étrangères - les Peuples de la Mer en l'an 8 et les Libyens en l'an 11-, mais son règne se termina par une période de difficultés économiques et d'incertitudes politiques. Avec lui, c'est tout un monde, qui avait connu certes des crises passagères mais aussi de longues périodes de prospérité, qui s'achève pour toujours.

La Tombe de Séthi Ier

Tombe de Séthi IerLa tombe de Séthi Ier, père de Ramsès II, fut découverte en octobre 1817 par l'Italien Giovanni Battista Belzoni, quelques jours après celle de Ramsès Ier. Bien que cette tombe, nommée par les Anglais "Belzoni's tomb", ait été fermée au public en 1991, à cause de sérieux risques d'éboulements dans la salle du sarcophage et son inportance est telle qu'il est indispensable d'en donner une description, si sommaire soit-elle.

Située dans un petit ouadi latéral de la Vallée des Rois, la tombe de Séthi 1er est longue de plus de 120 mètres et décorée de peintures polychromes et de bas-reliefs d'une grande finesse. Son plan est particulièrement complexe : après un premier escalier descendant, un couloir mène à un deuxième escalier suivi d'un autre couloir, où s'ouvre une salle carrée avec un puits.

Plus loin se trouve une salle de 8 mètres de longueur à quatre piliers, annexée à une autre salle de la même taille ; de la salle aux quatre piliers un escalier latéral descend vers un couloir avec escaliers, un vestibule et une grande salle de six piliers et deux petites chapelles latérales. À partir de la salle à six piliers on parvient enfin à la chambre funéraire, dont le plafond astronomique représente la voûte céleste et les principales constellations.

C'est dans cette salle que Belzoni trouva un splendide sarcophage d'albâtre vide, long d'un peu moins de 3 mètres, sur lequel étaient gravés des extraits du Livre des Portes - ce texte évoque le voyage de la barque solaire d'Osiris à travers les douze heures de la nuit sur le fleuve infernal peuplé de démons et donne un répertoire des formules requises pour franchir les douze portes gardées par des génies et des serpents. Le sarcophage, creusé dans un albâtre si fin (5 centimètres) qu'il est translucide, fut transporté en Angleterre et acquis par un collectionneur anglais, sir John Soane, qui le plaça dans sa maison-musée de Londres, à Lincoln's Inn Field, où il se trouve encore aujourd'hui. La momie de Séthi 1er ne fut retrouvée qu'en 1881, dans la cachette de Deir el-Bahari.

La Tombe de Ramsès 1er

Tombe de Ramsès IerLa tombe de Ramsès Ier, située dans une petite vallée latérale perpendiculaire au ouâdi principal, fut retrouvée par Belzoni en octobre 1817.

De dimension modeste, elle présente pourtant des peintures pariétales d'excellente facture rappelant de près, du point de vue du style, celles de la tombe de son prédécesseur Horemheb. Ramsès Ier (transcription grecque du nom égyptien Ra-mes-sou), considéré comme le premier roi de la XIXe dynastie et le fondateur de la glorieuse lignée des Ramessides, était un militaire et fut choisi par Horemheb pour lui succéder sur le trône d'Égypte. La brièveté de son règne (moins de deux ans) obligea les artisans de Deir el-Medineh à achever hâtivement sa demeure éternelle, ce qui explique les dimensions étrangement réduites du corridor et de la chambre funéraire.

La tombe est rectiligne et ne comprend qu'un unique corridor situé entre deux escaliers descendants, dont le second débouche directement dans la chambre funéraire, occupée en bonne partie par un grand sarcophage de granit et flanquée de deux petites annexes. Comme dans la tombe de Horemheb, les scènes et les textes peints sont tirés du Livre des Portes.

La Tombe de Horemheb

Tombe de Horemheb La tombe de Horemheb, successeur d'Ay, fut découverte en février 1908 par le jeune égyptologue anglais Edward Ayrton, qui travaillait au service de Théodore Davis, un riche Américain passionné d'archéologie. En raison de sa position, cette tombe immense était remplie de débris transportés par les eaux des oueds qui surgissent durant les pluies rares mais torrentielles qui s'abattent de temps en temps sur la région.

Horemheb avait travaillé à la cour d'Aménophis IV ; il passa ensuite au service de Toutânkhamon puis d'Ay, avant de monter lui-même sur le trône. Horemheb, scribe royal et général des armées, avait reçu également le titre de prince et, à l'époque ramesside, on le considéra comme le descendant direct d'Aménophis III. En matière de religion, il s'employa surtout à restaurer le culte d'Amon et, du point de vue politique, il déploya de grands efforts pour restructurer l'administration des provinces et des cadres militaires.

La structure de la tombe de Horemheb présente en effet deux innovations stylistiques propres aux grands hypogées de la XIXe dynastie : la disparition de l'angle droit entre la fin du corridor descendant et le vestibule qui précède la salle du sarcophage et l'introduction du bas-relief peint à la place de la simple peinture pour les décorations pariétales.

Pour la première fois, en outre, des extraits du Livre des Portes, appelé ainsi par référence aux "portes" qui séparent les douze heures de la nuit, apparaissent parmi les textes transcrits sur les parois. Le premier escalier descendant donne sur un premier couloir, interrompu par un deuxième escalier, d'où part un second couloir menant à une salle avec un puits, dont les parois comportent les premières peintures, représentant deux groupes de divinités : Hathor, Isis, Osiris et Horus à gauche, et Hathor, Anubis, Osiris et Horus à droite. Puis on rencontre une salle à deux piliers, d'où part un troisième couloir aboutissant au vestibule menant à la chambre funéraire, soutenue par six piliers. Dans cette salle, où s'ouvrent quatre annexes latérales et une annexe terminale, se trouvent un grand sarcophage encore en place et, sur un mur, une scène évoquant la Ve division du Livre des Portes, avec la représentation d'Osiris et de neuf personnages conduits vers la divinité.

L'un des aspects les plus intéressants de la tombe de Horemheb réside dans le fait que beaucoup de décorations pariétales ont été interrompues à divers stades de leur réalisation, de sorte qu'on peut se faire une idée précise des techniques utilisées par les artistes de l'époque. À certains endroits, les dessins sont à peine esquissés ; ailleurs, les grilles utilisées pour le calcul des proportions des personnages ou les corrections du dessinateur en chef sont parfaitement visibles ; à d'autres emplacements encore commence l'oeuvre du sculpteur incisant la couche d'enduit afin d'obtenir les bas-reliefs qui seront ensuite peints... L'inachèvement de la tombe est d'autant plus étonnant que Horemheb régna une trentaine d'années, un laps de temps suffisant pour achever la décoration de n'importe quelle sépulture... On a presque l'impression que tout cela a été fait délibérément, comme pour laisser un message.

La Tombe de Toutankhamon

En novembre 1922, Howard Carter découvrit la tombe intacte d'un pharaon encore méconnu mais dont le nom, Toutânkhamon, devint bientôt si célèbre qu'il éclipsa celui des autres pharaons. Carter, qui travaillait pour le compte de lord Carnarvon, riche propriétaire foncier anglais ayant obtenu du service des Antiquités la concession de fouilles dans la Vallée des Rois précédemment attribuée à Théodore Davis, creusait depuis 1917, dans la zone comprise entre la tombe de Ramsès Il et celle de Ramsès VI.

Tombe de ToutankhamonAprès des années de recherches aussi infructueuses que coûteuses, lord Carnarvon était sur le point de renoncer à la concession, comme l'avait déjà fait Davis, qui avait déclaré que la vallée était un site "épuisé" du point de vue archéologique, quand, le 4 novembre 1922, un ouvrier dégagea une marche de pierre, la première d'un escalier qui descendait dans la montagne. Carter, présageant peut-être de la découverte tant attendue, recouvrit de terre la trouvaille et envoya un télégramme à Carnarvon en Angleterre pour l'informer de l'événement et le prier de le rejoindre immédiatement. Le 24 novembre, les travaux reprirent avec ardeur et l'escalier fut débarrassé des gravats qui l'encombraient. Carter et Carnarvon se retrouvèrent devant une première porte murée suivie d'une seconde: les deux portaient les sceaux de la nécropole et le nom tant rêvé, Toutânkhamon.

Le 26 novembre 1922, Carter, Carnarvon, sa fille Lady Evelyn et l'ingénieur Challender, qui depuis peu avait été associé aux travaux, purent finalement pratiquer un trou dans la seconde porte et observer l'intérieur de la tombe et les trésors qu'elle recelait. C'était la première, et jusqu'à présent la seule, tombe royale retrouvée pratiquement intacte dans l'histoire de l'égyptologie, même si son étude permit de comprendre qu'elle avait fait l'objet, dans l'Antiquité, d'au moins deux tentatives de vol, fort heureusement sans conséquences graves.

Il fallut plusieurs années pour vider la tombe de Toutankhamon et récupérer les quelque 3 500 objets qu'elle contenait, confirmant qu'il s'agissait de la découverte archéologique la plus spectaculaire jamais effectuée en Égypte. La tombe présente un plan simple et typique des sépultures de la XVIIIe dynastie : l'escalier descendant est suivi d'un bref couloir qui débouche sur une antichambre rectangulaire flanquée d'une petite annexe. L'antichambre conduit à la chambre funéraire, dont la paroi est s'ouvre sur une seconde annexe, que Carter baptisa "le trésor".

La chambre funéraire, au milieu de laquelle trône le grand sarcophage en quartzite rouge, est l'unique pièce de toute la tombe qui soit décorée de peintures. À l'intérieur du sarcophage, décoré des sculptures de quatre divinités protectrices (Isis, Nephthys, Selkis et Neith), se trouve un sarcophage anthropomorphe en bois, recouvert d'une feuille d'or : c'est le premier des trois destinés à contenir la momie du roi qui, bien qu'abîmée au cours d'une autopsie maladroite, repose encore dans sa tombe. La décoration est d'une grande simplicité et les peintures, en bon état de conservation, témoignent de l'influence du style amarnien : le jeune roi, probablement fils d'Aménophis IV Akhénaton, le pharaon hérétique qui introduisit le culte d'Aton, le dieu solaire unique, fut élevé et vécut jusqu'au moment de son accès au trône à la cour d'Akhet-Aton (Amarna), la nouvelle capitale.

Les scènes représentées décrivent le cortège funèbre avec le sarcophage de Toutânkhamon tiré par les dignitaires de la cour et Aï, son successeur, procédant à la cérémonie de l'ouverture de la bouche, scènes très rares dans une tombe royale. Les autres peintures représentent Toutankhamon accueilli par Nout devant Osiris (paroi nord), le jeune roi suivi par Anubis et Isis en présence d'Hathor (paroi sud), et sa navigation dans le monde de l'au-delà (paroi est); les textes peints sur les murs sont tirés du Livre de l'Amdouat, dont s'inspirent également certaines des peintures pariétales.

Deir El-Medineh

Deir El-MedinehEn 1929, l'archéologue tchèque Jaroslav Cerny identifia un petit site à Deir el-Medineh, dans la nécropole thébaine, comme étant le village habité par les ouvriers, les scribes et les artisans qui ont créé les tombeaux de la Vallée des Rois. Maisons, chapelles et tombes y dressent le tableau particulièrement détaillé d'une petite communauté de travailleurs du secteur public entre l'époque de Thoutmosis Ier (v. 1493-1482 av. J.-C.) et la fin de la XXe dynastie (v. 1075 av. J.-C.). À son apogée, sous la XXe dynastie, le village (qui portait l'appellation de « Place de Vérité ») consistait en 70 maisons de brique crue disposées en rangées, à l'intérieur d'un mur d'enceinte ; 40 autres maisons, dispersées au voisinage immédiat, abritaient probablement des travailleurs spécialisés tels que les âniers et les cueilleurs de fruits. Chacune des maisons de Deir el-Medineh avait en moyenne de 4 à 6 pièces, outre de petites caves. La destination des pièces est incertaine et peut-être ne se conformait-elle pas aux idées modernes concernant l'affectation unique d'espaces tels que la « cuisine » ou la « chambre à coucher ». II se peut que l'on ait gardé des animaux dans certains de ces locaux.

Le village de Deir el-Medineh a ceci d'unique qu'on y a trouvé différentes sortes de textes écrits par les villageois eux-mêmes. La plupart sur ostraca (tessons de poterie ou éclats de pierre) mais certains sur papyrus et beaucoup sur des objets trouvés dans les maisons et les chapelles funéraires. Bien que le gouvernement fournît aux travailleurs un salaire en blé et en orge ainsi que des provisions de bière, de miel, de poisson et d'huile, le grand nombre des témoignages de transactions entre individus montre que les gens trouvaient souvent le moyen de compléter par du troc les rations de l'État.

Les tombes royales

La grande affaire du pharaon vivant, c'est la construction de sa propre tombe, lieu où s'accomplira la transformation et la régénération du roi défunt.

Dès la première année du règne, le site de la future tombe était choisi et un projet mis au point dans lequel figuraient non seulement les caractéristiques architecturales, mais aussi la décoration textes et représentations des murs. On passait immédiatement après à la mise en oeuvre confiée à un architecte et à des ouvriers spécialisés du village de Deir el-Médineh ; ceux-ci se rendaient au travail par un sentier traversant la crête de la montagne, encore accessible aujourd'hui.

La durée des travaux variait en fonction de la taille de la tombe, qui dépendait à son tour, d'une certaine manière, de la durée du règne. La journée de travail commençait à l'aube et durait environ huit heures, avec une pause pour le repas de midi après les quatre premières heures d'activité. La «semaine» de travail, d'une durée de dix jours, comprenait deux jours de repos. À ces jours de repos hebdomadaires s'en ajoutaient beaucoup d'autres à l'occasion des nombreuses fêtes religieuses.

D'autre part, les travailleurs pouvaient s'absenter pour des raisons personnelles ou familiales, ce qui se produisait assez fréquemment. Les ouvriers faisaient partie d'une équipe placée sous la direction d'un architecte et divisée en deux groupes - celui de droite et celui de gauche - qui, dirigés par deux chefs, travaillaient simultanément sur les murs correspondants de la tombe. Le chef d'équipe, nommé en principe par le pharaon lui-même ou par le vizir (dignitaire qui remplissait la fonction de Premier ministre), était directement responsable des travaux ; il contrôlait les motifs d'absence des ouvriers et entretenait des rapports avec le vizir, par l'entremise d'un scribe particulièrement chargé de cette fonction.

Les scribes, qui occupaient un rôle très important et jouissaient d'un prestige considérable dans la société égyptienne, étaient également chargés de prélever dans les magasins royaux la nourriture à distribuer aux ouvriers en guise de salaire, de régler les différends éventuels et d'administrer la justice dans le village de Deir el-Médineh. Les chefs d'équipe contrôlaient la distribution des produits conservés dans les magasins et dressaient la liste des présences et des absences. Les membres de l'équipe n'étaient pas en nombre fixe, mais une équipe moyenne comprenait entre trente et soixante ouvriers : ce nombre augmentait parfois jusqu'à compter cent vingt individus.

Les fonctions des ouvriers étaient spécialisées et complémentaires : tailleurs de pierre, plâtriers, sculpteurs, dessinateurs et décorateurs oeuvraient côte à côte et simultanément au sein d'une espèce de chaîne. Les terrassiers entraient en action les premiers et, pendant que l'on continuait à creuser de plus en plus profondément dans la montagne, les plâtriers polissaient les parois les plus externes en y appliquant une couche de mouna - une espèce de stuc obtenu en pétrissant de l'argile avec du quartz, du calcaire et de la paille hachée menue - qui à son tour était recouverte d'un enduit plus fin à base d'argile et de calcaire, blanchi ensuite à l'aide d'une couche de craie dissoute dans de l'eau.

L'exécution de la décoration, choisie par les grands prêtres en accord avec le pharaon, était confiée aux dessinateurs, qui utilisaient une ocre rouge après avoir subdivisé au moyen d'un cordeau fixé à un bâton la superficie à peindre en plusieurs carrés afin de pouvoir positionner correctement les personnages et les textes et de s'assurer que les proportions, qui suivaient des règles bien précises, seraient respectées.

Les dessinateurs étaient placés sous le contrôle d'un dessinateur en chef qui, le cas échéant, apportait les corrections requises au fusain noir. Puis c'était le tour des sculpteurs, qui commençaient à graver la pierre afin d'obtenir un bas-relief que les peintres coloraient ensuite à partir des six couleurs fondamentales, dont chacune possédait une signification symbolique et rituelle précise.