La tombe de Ramsès III, connue depuis l'Antiquité, fut explorée pour la première fois à l'époque moderne par le voyageur écossais James Bruce en 1768, au cours d'une de ces explorations fabuleuses qui le conduisirent jusqu'en Abyssinie. Bruce baptisa ce monument "tombe des harpistes" en raison d'un extraordinaire bas-relief représentant deux harpistes aveugles.

Tombe de Ramsès III

Cette sépulture, décorée de peintures ayant conservé une étonnante fraîcheur de coloris, possède des dimensions imposantes - sa longueur est de 125 mètres ! Elle suit le plan typique des hypogées royaux de la XXe dynastie, avec quelques particularités quant aux décorations et à la disposition interne. Dans le deuxième couloir, dont les murs sont gravés d'extraits des Litanies de Rê, s'ouvrent huit petites chambres, disposées en deux groupes de quatre de chaque côté et décorées d'une série de scènes très rares et très intéressantes telles que la procession des divinités protectrices de l'Égypte, la préparation des aliments, le mobilier funéraire et les armes du roi, les offrandes alimentaires au dieu Hâpy, personnification du Nil en tant que source d'abondance, et les célèbres harpistes à (origine du nom de la tombe, chantant les louanges du souverain devant Atoum, Shou et Onouris. La représentation d'objets et de scènes sur les parois garantissait magiquement leur pérennité, mettant ainsi le défunt à l'abri des conséquences de spoliations de plus en plus probables.

Au bout de ce couloir, une petite chambre indique un brusque décrochement par rapport à l'axe de la tombe pendant son creusement, effectué selon des plans préétablis, les ouvriers tombèrent par hasard sur le tombeau tout proche - KV n° 10 d'Amenmès (un usurpateur qui régna brièvement sous Séthi II) et durent donc modifier la direction générale de la structure : un cas rare mais non unique puisqu'il s'est produit également dans la Vallée des Reines lors de la construction de la tombe de Néfertari, où un changement d'axe est imputable à la présence de la tombe de Touya.

Le troisième couloir, désaxé mais parallèle au premier, est décoré non seulement de textes du Livre de l'Amdouat, mais aussi d'extraits du Livre des Portes. Il conduit à un puits funéraire et, plus loin, à une salle à quatre piliers dans laquelle, outre les chapitres 4 et 5 du Livre des Portes, se trouve la représentation des races humaines alors connues ainsi que des scènes d'offrandes à Rê-Horakhty, Khêpri et Atoum - les trois formes de la divinité solaire. Dans l'annexe latérale de cette salle, qui s'ouvre du côté droit, figure une scène où Ramsès III se trouve devant Osiris et lui tend une plume symbolisant l'ordre et la justice de Maât. C'est à cet endroit que se termine la partie de la tombe que l'on peut visiter.

En réalité, un quatrième couloir donne sur un vestibule et, plus loin, sur la chambre funéraire à huit piliers qui contenait le sarcophage en quartzite rouge : ce dernier fut vendu au roi de France ; il est aujourd'hui conservé au musée du Louvre, tandis que son couvercle, récupéré par Belzoni, fut transporté en Angleterre et acheté par le Fitzwilliam Museum de Cambridge. La momie du roi fut retrouvée dans la cachette de Deir el-Bahari et se trouve toujours au musée du Caire.

Ramsès III, le constructeur du temple de Médinet Habou, fut le dernier grand pharaon d'Égypte : durant ses trente-deux années de règne, il défendit les frontières contre les attaques étrangères - les Peuples de la Mer en l'an 8 et les Libyens en l'an 11-, mais son règne se termina par une période de difficultés économiques et d'incertitudes politiques. Avec lui, c'est tout un monde, qui avait connu certes des crises passagères mais aussi de longues périodes de prospérité, qui s'achève pour toujours.