Pharaons !

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jeudi 8 décembre 2011

La Vallée du Nil

Depuis l’Antiquité, les égyptiens se sont concentrés dans la Vallée du Nil qui offre au milieu du désert une étroite bande fertile de 10 à 15 km de large sur plus de 1000 km de long à l’exception du triangle du Delta d’environ 170 km sur 250 km. Artère vitale du pays, la Vallée du Nil est le berceau de la civilisation pharaonique où se trouvent les plus importants sites archéologiques. Elle se divise en trois zones : la Basse Egypte ou le triangle du Delta au nord, la Moyenne Egypte entre Le Caire et Assiout et la Haute Egypte au sud jusqu’au lac Nasser près d’Assouan. Dès l’antiquité, les égyptiens naviguent sur le Nil. Les blocs de granite ont descendu le Nil sur des bateaux depuis Assouan jusqu’aux pyramides. Les bateaux servent également à pêcher, à chasser et au transport des marchandises. Aujourd’hui, c’est sur un bateau de croisière que l’on apprécie le mieux les splendeurs de la Haute Egypte et le spectacle de la vie rurale sur les bords du Nil qui rappelle les fresques que l’on peut admirer dans les tombes des pharaons.

Assouan

AssouanAssouan, l’ancienne Syène , se trouve à 886 km du Caire, sur la rive droite du Nil et est la porte de l’Afrique au nord du lac Nasser. C’est là que prend fin la vallée du Nil et débute la Nubie. A l’intérêt historique et archéologique du site, s’ajoutent un climat exceptionnel très sec et des paysages d’une grande beauté qui font d’Assouan un lieu de séjour idéal. Les bateaux de croisière sur le Nil y jettent l’ancre. C’est aussi le point de départ pour une croisière sur le lac Nasser à la découverte des temples nubiens sauvés des eaux. Assouan est connu pour ses cataractes, ses îles, ses carrières mais aussi pour son marché aux épices et ses agréables promenades en felouque sur le Nil.

Le Haut Barrage : gigantesque ouvrage commandé par le président Nasser pour contrôler l’irrigation de la vallée, augmenter la surface des terres cultivables et permettre l’électrification de nombreux villages. Long de 4000 m, son épaisseur atteint 40 m et sa hauteur 110 m. C’est l’Union Soviétique qui apporta son aide financière et technique à ce projet. Le réservoir est constitué par le lac Nasser.

L’île Kitchener : immense jardin botanique, oasis florale au milieu du Nil, créé à la fin du XIX ème siècle par Lord Kitchener.

L’île Eléphantine : île verdoyante où se cachent un village nubien au milieu des palmiers, des ruines antiques, un nilomètre et un petit musée archéologique.

Le mausolée de l’Aga Khan : sur la rive gauche du Nil, en face d’Assouan, se dresse sur une colline le mausolée de l’Aga Khan, chef spirituel des Ismaéliens.

Le musée nubien : inauguré en septembre 1997, le musée des antiquités de Nubie accueille les vestiges d’une civilisation dont les terres ont été englouties par le lac Nasser.

L’obélisque inachevé : long de 42 mètres, il repose abandonné dans la carrière de granite rose, le fût présentant une fissure transversale.

Dachour

DachourLe site de Dachour qui vient d’être rouvert au public s’étend en bordure d’une palmeraie sur 3 km dans la prolongation sud de la nécropole de Saqqarah à 26 km au sud est de Guizeh. Le site comporte deux pyramides en pierre de la IVème dynastie, trois pyramides en briques crues de la XIIème dynastie ainsi que les vestiges de nécropoles et d’une ville de l’Ancien Empire. Une visite de ce site permet de visualiser l’évolution de la construction des pyramides avec la pyramide rhomboïdale et la pyramide rouge, toutes deux construites par le pharaon Snéfrou, le père de Khéops.

Denderah

Porte de DenderahSitué à 65 km au nord de Louxor, Denderah est l’une des plus anciennes cités religieuses d’Egypte : Tentyris. Ici régnait la déesse Hathor, la déesse de l’amour et de la joie. Commencé sous Nectanebo, le temple fut embelli et agrandi par les Ptolémées puis par les romains. C’est l’un des mieux conservés d’Egypte et il a la particularité de se trouver en pleine campagne. Il est célèbre pour sa salle hypostyle et ses chapelles richement décorées. Le site renferme également un lac sacré, le temple d’Isis construit par Auguste et une église copte construite probablement au Vème siècle.

Edfou

Situé à 109 km au sud de Louxor, à mi chemin avec Assouan, il ne reste de l’antique Apollinoplis Magna que le temple d’Edfou dédié à Horus, le dieu faucon. Edfou est l’un des temples les mieux conservés d’Egypte et le deuxième édifice en grandeur après Karnak. Le temple fut érigé par Ptolémée III sur un temple beaucoup plus ancien. Les romains le remanièrent et sa structure est presque semblable à celle de Denderah. Ensablé, il fut dégagé par l’égyptologue Auguste Mariette.

Esna

A 60 km au sud de Louxor, Esna, ville agricole, est née sur les ruines de Latopolis. On ne voit de l’ancienne cité qu’une partie du temple d’époque gréco romaine, dédié à Khnoum, dieu à tête de bélier. Seule, la salle hypostyle a résisté aux ravages du temps.

Kom Ombo

Kom OmboA 40 km au nord d’Assouan, sur la rive droite du Nil, se trouvait la ville de Nubit. Aujourd’hui, sur l’emplacement de l’antique cité ne se dresse plus que le superbe temple de Kom Ombo dédié au culte de deux divinités : Sobek, le dieu crocodile et Haroeris, le dieu à tête de faucon. Il fut commencé par Ptolémée VI et achevé au IIIème siècle. C’est un temple double qui possède deux entrées. Des momies de crocodiles ont été retrouvées dans une nécropole proche. L’arrivée par bateau est féerique car le temple surgit soudainement sur les berges verdoyantes du Nil.

Louxor

Sur les rives du Nil, à environ 675 km au sud du Caire, Louxor, ville pleine de charme, demeure une des étapes suprêmes de tout voyage en Egypte. La grande ville de Thèbes est durant des siècles capitale de l’empire égyptien, célèbre dans le monde entier. Elle est à l’apogée vers 1500 avant J.C. lors de la XVIIIème dynastie. Elle commence à décliner en 672 avant J.C. avec le saccage infligé par Assourbanipal, l’assyrien. Puis, la ville est presque abandonnée par les Ptolémées qui ont fait d’Alexandrie leur capitale. Durant les premiers siècles après J.C., des églises chrétiennes coptes puis des mosquées s’insèrent dans les ruines des temples. Au sud, grandit Louxor et au nord le village de Karnak. Aujourd’hui, c’est un immense musée à ciel ouvert avec les temples de Louxor et de Karnak sur la rive droite du Nil et sur la rive gauche, le monde des morts avec les tombeaux et les temples funéraires des pharaons et des nobles. Les Vallées des Rois, des Reines et des Nobles présentent à l’intérieur des tombes de superbes bas reliefs peints avec une grande finesse d’exécution et dont les couleurs sont restées intactes.

Colosses de MemnonLes colosses de Memnon : situées sur la rive gauche, les imposantes statues hautes de 18 m qui représentent Aménophis III semblent garder la nécropole thébaine. Elles marquent l’entrée du temple d’Aménophis qui n’existe plus aujourd’hui.

Deir El Bahari : dédié à la déesse Hathor, le temple funéraire de la reine Hatshepsout sur la rive gauche est unique car il est en partie creusé dans le roc et s’élève sur trois terrasses. Les lignes sont très pures et modernes.

Medinet Habou : à l’extrémité sud de la nécropole thébaine, se dresse l’ensemble monumental de Medinet Habou, le plus grand après Karnak. Il renferme principalement le grand temple funéraire de Ramsès III, l’un des mieux conservés et le plus célèbre dans l’antiquité. Les coptes s’y établirent au début de l’ère chrétienne.

Musée de Louxor : inauguré en 1975 sur les quais de Louxor, le musée de Louxor présente dans un cadre sobre et de façon claire des objets exceptionnels retrouvés sur les sites thébains. C’est un excellent complément à leur visite.

Palais d’Aménophis III : situé à Malgatta sur la rive gauche, le palais d’Aménophis III est le seul palais thébain connu à avoir été construit sur cette rive réservée aux morts pendant des siècles.

Ramesseum : en bas de la nécropole thébaine s’étend l’ensemble monumental du Ramesseum, érigé par Ramsès II pour son culte funéraire, l’une des plus belles constructions du site qui a malheureusement souffert au fil des temps. Ses proportions émerveillaient déjà les voyageurs de l’Antiquité. On peut y admirer notamment une gigantesque statue brisée de Ramsès II mesurant plus de 17 mètres, gisant au sol.

Temple de Karnak : l’immense temple de Karnak est situé à environ 3 km au nord du temple de Louxor. Il ne s’agit pas d’un seul temple mais d’un gigantesque et impressionnant complexe architectural comprenant une multitude de temples, de colonnes et des statues dont la majeure partie fut construite sous le Nouvel Empire. En fait, pendant plus de 2000 ans, chaque pharaon a voulu sanctifier à sa façon le dieu Amon, maître du lieu. L’impressionnant spectacle son et lumières évoque les splendeurs des pharaons et les différentes étapes de Karnak.

LouxorTemple de Louxor : seul témoignage important du passé à Louxor, le temple fut construit par Aménophis III, agrandi par Thoutmosis III et terminé par Ramsès II. Il est situé en plein centre-ville au bord du Nil. A l’entrée, se trouve le fameux obélisque dont le jumeau fut offert par Mehmed Ali au roi Louis Philippe et se dresse sur la place de Concorde à Paris. Le temple dédié à Amon ne servait qu’une fois par an quand le dieu Amon quittait le temple de Karnak pour aller rejoindre son épouse Mout dans le temple de Louxor lors de la fête d’Opet, le nouvel an.

Temple de Séthi 1er : temple funéraire de Séthi 1er, celui ci est sans doute l’un des plus beaux du Nouvel Empire. Le pharaon le construisit sur la rive gauche pour Amon et pour son père Ramsès Ier. Il a été achevé par Ramsès II à la mort de son père.

La Vallée des Nobles : située sur la rive gauche, la nécropole des hauts dignitaires du Nouvel Empire renferme plus de 450 tombes dont les décorations aux couleurs d’une étonnante fraîcheur fournissent de précieux renseignements sur la vie quotidienne dans l’Antiquité Égyptienne.

Vallée des RoisLa Vallée des Reines : située à l’extrémité sud de la nécropole thébaine sur la rive gauche, la Vallée des Reines abrite les sépultures d’épouses royales et de princes des XIXème et XXème dynasties dont celles de Néfertari et Touy.

La Vallée des Rois : située sur la rive gauche, la Vallée des Rois abrite plus d’une soixantaine de tombes datant des XVIIIème, XIXème et XXème dynasties. Les tombeaux de la Vallée des Rois profondément creusés dans le roc, offrent une démonstration saisissante des extraordinaires talents artistiques et architecturaux de la civilisation pharaonique. C’est là en 1922 que le tombeau du pharaon Toutânkhamon avec ses merveilleux trésors fut découvert par les archéologues britanniques lord Carnavon et Howard Carter. La sécheresse du climat désertique a admirablement conservé les décorations peintes des tombes qui évoquent la vie dans l’au-delà.

Memphis

De la très ancienne capitale de l’Ancien Empire, Mennof Rê, appelée Memphis par les Grecs, qui s’étendait sur 15 km de Guizeh à Saqqarah, il ne reste que peu de traces. Son déclin a commencé avec la création d’Alexandrie, la nouvelle capitale. En 391, l’édit de Théodose ordonne la fermeture des temples. La destruction de la ville commence et les conquérants musulmans utilisent les pierres des monuments pour construire leurs palais et leurs mosquées. Sur ce site, deux colosses de Ramsès II ont été découverts. L’un d’eux est exposé sur place, l’autre se trouve sur la place de la gare au Caire, la place Ramsès.

Philae

PhilaePerle de l’Egypte, le temple de Philae a été sauvé des eaux avec l’aide de l’Unesco lors de la construction du Haut Barrage. Son déplacement sur une petite île ajoute du charme à la beauté de son architecture. Les monuments de Philae sont relativement tardifs, les premiers datent des derniers pharaons au IVème siècle avant J.-C., et les derniers de l’époque romaine en passant par les Ptolémées grecs. Le temple principal est consacré à la déesse Isis. Le spectacle son et lumières de Philae écrit par André Castelot permet de revivre sous la nuit étoilée, les mystères d’Isis ainsi que les dernières grandes heures de l’Egypte pharaonique.

Pyramides de Gizeh

Pyramides de GizehLes plus célèbres des pyramides d’Egypte se dressent à Gizeh à 17 km du Caire, à la limite du désert, sur un plateau rocheux que les pharaons de la IV ème dynastie choisirent pour nécropole . La Grande Pyramide du roi Khéops, la plus haute et la plus ancienne est la seule des sept merveilles du monde antique qui nous soit parvenue. La pyramide de Khéphren a conservé une partie de son revêtement en calcaire. La pyramide de Mykérinos est la plus petite des trois. Autour des pyramides s’étend une vaste nécropole avec les petites pyramides des reines et les tombes de hauts fonctionnaires et de prêtres. Non loin de là, se trouve le temple de la vallée de Khéphren et la statue monumentale du Sphinx qui représente un lion couché dont la tête est à l’effigie du pharaon. Le spectacle son et lumières avec effets spéciaux, laser et texte d’André Malraux est tout à fait saisissant.

Saqqarah

SaqqarahLa plus vaste nécropole royale et civile de l’Ancien Empire s’étend sur 8 km de long et 2 km de large à l’ouest de Memphis et à 40 km au sud du Caire. Elle abrite la célèbre pyramide à degrés du pharaon Djéser construite par l’architecte Imhotep. C’est la plus ancienne pyramide et pour la première fois, la pierre est utilisée. Saqqarah, c’est aussi de nombreux tombeaux de dignitaires égyptiens décorés de bas reliefs peints qui ont fourni une inépuisable source de renseignements sur la vie quotidienne en Egypte au temps des pharaons.

lundi 5 décembre 2011

Le Temple de Louxor

Louxor est aujourd'hui une petite ville de 60 000 habitants, située sur la rive droite du Nil, à l'emplacement de Thèbes, l'antique cité qu'Homère avait baptisée "Thèbes aux cent portes."

Louxor vient de l'arabe el-Qsor,pluriel de el-Qasr qui signifie "campement, fortification" ce qui rappelle que deux camps militaires avaient été construits là à l'époque romaine. Thèbes, pour les Anciens, se trouvait entre les sites actuels de Louxor et de Karnak. Promue capitale du Nouvel Empire quand le pouvoir égyptien s'étendait de l'Euphrate à la haute Nubie, cette grande ville (elle a compté jusqu'à un million d'habitants) était le siège du culte d'Amon, avec en particulier le grand temple de Karnak. Une fois par an, à l'occasion de la Fête d'Opet (la "Fête du harem") que l'on célébrait le deuxième ou troisième mois de la saison de l'Inondation, la barque sacrée du dieu était portée en grande pompe du temple de Karnak à celui de Louxor, appelé IpetResyt, c'est-à-dire le "Harem méridional d'Amon".

Temple de Louxor et allée de Sphinx

Long de 260 mètres, le temple de Louxor a été construit par Aménophis III sur un ancien monument religieux de l'époque d'Hatchepsout; la souveraine avait également fait bâtir six reposoirs pour la barque d'Amon, le long du premier dromos de la XVIIIe dynastie, la voie sacrée qui reliait le temple de Louxor à Karnak. Du temps d'Hatchepsout, la procession se déroulait en effet sur terre et parcourait l'allée entre les deux lieux cultuels; par contre, à partir de la fin de la XVIIIe dynastie, les simulacres des barques sacrées d'Amon, de Mout et de Khonsou empruntaient le Nil pour se rendre à Louxor. Dans le cadre des fêtes d'Opet, Amon de Karnak allait rendre visite à Amon de Louxor, Amon-em-Ipet, c'est-à-dire "Amon dans son harem ", et il le régénérait.

Le temple de Louxor possédait primitivement un grand portique de 14 colonnes papyriformes de 19 mètres de haut et presque 10 de circonférence, délimité à l'est et à ouest par des murs tapissés de bas-reliefs illustrant ces festivités. La colonnade a été achevée et décorée sous Toutânkhamon (1334-1325 av. J.-C.); elle donne accès à une cour magnifique, entourée d'un péristyle à deux rangs de piliers, avec au sud la salle hypostyle. De là, on pénétrait dans le temple, composé de quatre antichambres, de plusieurs pièces annexes et du sanctuaire de la barque divine, où le reposoir a été reconstruit par Alexandre le Grand. Le monument a ensuite été agrandi par Ramsès Il, qui lui donna son aspect définitif en faisant construire le premier pylône, dont les reliefs illustrent la célèbre bataille de Qadech, en Syrie (1274 av. J.-C.), la première cour et, au coeur de l'ensemble, un triple sanctuaire pour les barques d'Amon, de Mout et de Khonsou, les membres de la triade thébaine. Avec ses 74 colonnes papyriformes, disposées en deux rangées, et ses 16 statues pharaoniques, la cour de Ramsès II est délimitée au nord par une chapelle à trois chambres consacrées à la triade thébaine (Amon, Mout et Khonsou), et à l'est, par une église byzantine du VIe siècle sur laquelle les sultans ayyoubides (XIIIe siècle) ont édifié la mosquée d'Abou el-Haggag, encore ouverte aux fidèles. Le pharaon fit aussi dresser les deux obélisques qui étaient devant le pylône (un mot qui vient du grec pulôn, "grande porte") et que le pacha d'Égypte Méhémet-Ali offrit à la France en 1819). Celui qui se trouvait à l'ouest mesurait plus de 22 mètres de haut pour 220 tonnes et a été transporté à Paris en 1836 et installé sur la place de la Concorde, où il se trouve toujours, tandis que le second est resté sur place, la France n'y ayant définitivement renoncé qu'en 1980.

La fonction de ce monument était complexe: tous les ans, au moment de la Fête d'Opet, le jubilé royal, on célébrait dans les pièces les plus secrètes la naissance divine du pharaon, fils d'Amon, afin de réaffirmer son pouvoir. Dans la pénombre de la chambre de la naissance, le dieu suprême, qui pour l'occasion prenait les traits de l'époux terrestre de la reine, rencontrait cette dernière, à qui Thot, la divinité à tête d'ibis, annonçait sa maternité. Amon ordonnait alors à Khnoum, le "potier divin", de modeler sur son tour l'enfant à naître et son ka, c'est-à-dire son "double" qui allait représenter son essence céleste et immortelle. Assistée par Hathor, Isis et Nephthys, la reine mettait alors au monde un fils divin, reconnu par son père, le roi des dieux. Le fils, Pharaon, offrait de l'encens et des fleurs fraîches à son géniteur céleste qui, en échange, lui conférait sa nature divine, la jeunesse et des promesses de longue vie : il était ensuite proclamé souverain légitime du Double Pays.

Temple de Louxor

Ainsi régénéré et confirmé dans sa fonction royale, il pouvait, pendant toute une année, assurer la prospérité de son peuple. Le temple de Louxor était aussi le lieu du culte du ka royal, le principe supraterrestre et immortel du monarque, symbole de la légitimité de son pouvoir. Il conserva cette fonction universelle, et non pas liée individuellement aux différents pharaons, pendant plus de dix-sept siècles ; voilà pourquoi Alexandre, qui, pour occuper légitimement le trône d'Égypte, avait besoin de la reconnaissance du dieu, fit reconstruire le reposoir de la barque sacrée. D'après la cosmogonie thébaine, une adaptation locale de la théorie héliopolitaine, le temple de Louxor était également le lieu d'origine de l'Ogdoade, c'est-à-dire des huit divinités primitives qui, engendrées par le démiurge "Créateur de la Terre", le serpent Irta, appelé également Kématef, ont créé le monde.

D'après la tradition, une fois leur mission achevée, Kématef et les huit divinités de l'Ogdoade ont été ensevelis dans leur tombe mythique de Médinet-Habou où, au Nouvel Empire, Amon de Louxor leur rendait visite tous les dix jours, pour la "Fête de la Décade". À l'époque de Ramsès II, la procession ne passait pas par la grande entrée de la première cour de Karnak, mais par la porte occidentale, qui donne sur le Nil, alors que celle qui se trouve à l'est était réservée au peuple. L'accès principal au temple était utilisé pour d'autres fêtes annuelles, celles d'Amon-Min-Kamoutef, célébrées pour Amon-Min, dieu de la fertilité.

Sous Nectanébo 1er (380-362 av. J.-C.), des centaines de sphinx androcéphales, dont on peut voir encore quelques exemplaires sur place, ont été alignées en bordure du dromos reliant Louxor à Karnak. À l'époque romaine, notamment sous Dioclétien (vers 300 apr. J.C.), la partie méridionale du temple fut destinée au culte impérial et tout l'édifice se trouva englobé dans le castrum de la garnison romaine de Louxor. En 1885, le Français Gaston Maspero, alors conservateur du Service des antiquités d'Égypte, entreprit les fouilles et le déblaiement du site dont les deux tiers étaient recouverts de sable et où les habitants du village de Louxor avaient élu domicile ; il donna ainsi son aspect actuel à ce grand monument qui, grâce à la pureté de son architecture et à l'élégance de ses colonnes, reste un des témoignages artistiques les plus fascinants du Nouvel Empire. C'est ici que, en 1990, des spécialistes firent une des plus grandes découvertes de ces dernières années : au cours de tests sur la stabilité des colonnes de la cour d'Aménophis III, ils repérèrent une "cachette" qui renfermait de magnifiques statues ; la plus belle d'entre elles, en quartzite rose, représente le pharaon lui-même et constitue aujourd'hui l'oeuvre la plus célèbre du musée de Louxor.

Le Temple de Karnak

A quelques kilomètres au nord de Louxor se trouve le site de Karnak, le plus grandiose et le plus complexe des ensembles religieux de l'Égypte ancienne. Il est composé de trois zones, ou enceintes sacrées, où furent élevés les temples dédiés à Montou, à l'origine une divinité guerrière, à Amon, le roi des dieux, et à la déesse Mout qui, avec ce dernier, son époux, et leur fils Khonsou, formait la triade thébaine. La partie principale est le grand temple d'Amon, probablement commencé dès le Moyen Empire et qui atteignit des dimensions impressionnantes à la XVIIIe dynastie. Presque tous les pharaons ont voulu l'agrandir et l'embellir en détruisant certaines parties ou en réemployant diverses structures précédentes ; le résultat est donc une architecture extrêmement complexe avec un édifice qui se compose de quatre cours, dix pylônes, un lac sacré et beaucoup d'autres monuments. Le dernier souverain qui y fit faire des travaux importants et auquel on doit l'aspect actuel du monument est Nectanébo Ier, de la XXXe dynastie : c'est lui qui fit bâtir l'énorme premier pylône et placer les sphinx criocéphales (le bélier était un animal sacré d'Amon) le long du dromos qui mène, encore aujourd'hui, au temple. Celui-ci est orienté est-ouest et nord-sud; la ligne est-ouest, avec les quatre premiers pylônes, suivait la trajectoire du soleil : c'était l'axe solaire et céleste. La ligne nord-sud, avec les 8e, 9e et 10e pylônes, était parallèle au Nil, c'était l'axe réel ou terrestre. En franchissant le pylône de Nectanébo, on accède à la première cour où Séthi II et Ramsès III firent construire deux chapelles reposoirs pour les barques sacrées ; à l'époque, elles étaient à l'extérieur du temple.

Temple de Karnak

Le côté oriental de la première cour est délimité par le deuxième pylône, dont la porte est flanquée de plusieurs grandes statues de Ramsès II : la plus imposante, au nord, a d'ailleurs été usurpée par le roi Pinedjem Ier (XXIe dynastie, 1054-1032 av. J.-C.). Ensuite, on pénètre dans la partie la plus impressionnante du temple, la grande salle hypostyle, avec ses 134 énormes colonnes de plus de 20 mètres de haut symbolisant l'océan primordial. Sa construction a demandé environ un siècle; elle a été entreprise par Séthi Ier, continuée par Ramsès II et achevée par ses successeurs. Le troisième pylône, bâti par Aménophis III, conduit à un point bien particulier. C'est là que se croisent les axes sacrés du monde, le céleste et le terrestre, et cette rencontre est marquée par la présence de 4 obélisques élevés par Thoutmosis ler et Thoutmosis II. Il ne reste plus que celui de Thoutmosis Ier. Entre les 4e et 5e pylônes (datant de Thoutmosis ler), trouve un vestibule transversal, appel primitivement ouadjit ("la verdoyante") et décoré de grandes colonnes: c'est là que la reine Hatchepsout érigea ses deux obélisques, dont un seul est en place.

Une fois franchi le 6e pylône, on atteint la chapelle construite par Philippe Arrhidée (323-317 av. J.-C.), demi-frère d'Alexandre le Grand, et on entre dans la grande cour du Moyen Empire, longée à l'est par l'Akhmenou, un édifice construit par Thoutmosis III et dans lequel ont été aménagés la grandiose "salle des Fêtes" et ce que l'on appelle le "Jardin botanique". Ce dernier est un ensemble de salles secrètes, essentiellement décorées de bas-reliefs reproduisant des plantes et des animaux imaginaires ou exotiques (provenant surtout de Syrie et de Palestine, où le pharaon avait mené plusieurs campagnes militaires). On s'est longtemps interrogé sur la fonction de cette partie du temple, qui n'a d'ailleurs pas d'équivalent en Égypte; l'hypothèse la plus accréditée serait que les anciens Égyptiens aient voulu illustrer ici l'infinie variété de formes et d'espèces qu'offre la nature, mais en insistant sur l'existence d'un ordre, caractéristique essentielle de l'Univers. À l'est, à l'extérieur de l'enceinte sacrée d'Amon, on peut encore voir les ruines du temple amarnien construit par Aménophis IV Akhénaton avant de quitter Thèbes pour sa nouvelle capitale, Akhet-Aton, l'actuelle Tell el-Amarna.

Si l'on suit l'axe nord-sud, qui croise l'axe est-ouest entre les 3e et le 4e pylônes, on entre dans la "cour de la cachette" : c'est là que l'archéologue français Legrain découvrit, en 1901, une fosse où des prêtres d'Amon avaient dissimulé, probablement à l'époque ptolémaïque, quelque 17 000 statuettes en bronze et 900 autres, plus grandes, en pierre. La "cour de la cachette" est bordée au sud par le 7e pylône, à côté duquel se trouve le lac sacré, symbole de l'océan primordial qui est à l'origine du monde : ses eaux, où nageaient les oies sacrées d'Amon, étaient en communication avec celles du Nil et servaient aux ablutions du clergé et à la navigation des barques divines. Toujours sur l'axe nord-sud, on trouve les 8e et 9e pylônes : on doit ce dernier à Horemheb qui pour le construire réemploya comme matériau de remplissage les magnifiques blocs décorés des temples consacrés à Aton ; depuis 1965, une équipe franco-égyptienne effectue les travaux de consolidation nécessaires pour remonter ce pylône. À l'ouest du 9e pylône se trouve le temple de Khonsou qui, avec ses parents Amon et Mout, formait la triade vénérée à Thèbes. Le 10e pylône est situé sur la muraille elle-même et de là part une allée de sphinx criocéphales qui mène au temple de Mout ; c'est aussi le point de départ d'un autre dromos, longé de sphinx androcéphales, qui relie Karnak et Louxor. Il est bien difficile d'imaginer aujourd'hui la magnificence et la richesse de ce monument, du temps de sa splendeur; le patrimoine du clergé, de plus en plus opulent grâce aux généreuses offrandes faites au dieu dont il était le serviteur, était tout à fait à la hauteur de celui des souverains et parfois même le dépassait ; d'après le Papyrus Harris, sous le règne de Ramsès III le temple employait plus de 20 000 personnes.